A l’hôpital, nous n’avons pas connu la rupture avec le confinement comme beaucoup de citoyens, tout du moins pas de la même manière. Le choc fut brutal, différent.
Nous avions commencé déjà avant, à sentir la montée en charge de l’épidémie, avec des phases (nombreuses) d’adaptations quasi journalières suivant l’évolution de la situation. La crainte était de ne plus pouvoir répondre aux besoins de secours et de santé de la population, ce qui est arrivé. Au SAMU, notre activité est passée du simple au triple, avec des effectifs identiques. Nous avons eu des phases de surcharge et de limites atteintes.
Tout ça, nous le dénoncions déjà depuis longtemps, et plus fortement depuis 1 an et le début de notre mouvement de gréve.
Mais nous avons tenu bon, avec notre engagement de service public de santé, au service de tous. J’ai vu des collègues avec la peur au ventre, peur d’attraper la maladie, peur de la ramener à la maison, peur de travailler avec des équipements de protections au pire absents, au mieux dérisoires…. J’ai vu des collègues tomber malades…
Nous étions déjà fatigués, usés, et nous le resterons encore après, car rien ne change.
On nous parle de prime (pas pour tous, et pas la même…) quand on dit salaires, on nous parle de dons de congés supplémentaires (on n’arrive pas à prendre les nôtres…) quand on parle effectif supplémentaires, etc…. bref on parle avec des sourds ! La reprise ne signifie pas l’arrêt de l’épidémie, elle vient en plus des flux de patients qui reviennent, les accidents, maladies en tout genre, graves ou moins graves, bref le quotidien reprend avec les mêmes travers… toujours plus avec moins !
Quand je parle de nous, je parle de tous les personnels de l’hôpital, aides-soignants, infirmiers, médecins, assistants de régulation médicale, ASH, ouvriers des services techniques, personnels administratifs, qui ont fait que l’hôpital a tenu malgré l’ouragan.
Nous sommes toujours dans la tempête, alors ne nous oubliez pas !